Grigory Sokolov, Piano
"On reste abasourdi devant une telle maîtrise technique et un tel engagement émotionnel !" (Classicnews)
C’est dans le caractère unique du moment présent et dans l’impossibilité de reproduire à l’identique de la musique faite sur le vif qu’il faut chercher l’explication de la beauté expressive et de la captivante sincérité du jeu de Grigory Sokolov. Portées par une intensité mystique, ses interprétations poétiques sont le fruit d’une connaissance approfondie des oeuvres qui constituent son vaste répertoire. Ses programmes de récital vont de transcriptions de polyphonies médiévales et du clavier de Byrd, Couperin, Rameau, Froberger ou Bach aux grandes pages des Prokofiev, Ravel, Scriabine, Rachmaninov, Schoenberg et Stravinsky, en passant par le siècle des Beethoven, Schubert, Schumann, Chopin et Brahms. Distingué par les connaisseurs comme l’un des pianistes majeurs de notre temps, le Russe est partout admiré pour ses idées visionnaires, sa spontanéité envoûtante et son dévouement sans compromis à la musique.
Né à Leningrad (actuelle Saint-Pétersbourg), Grigory Sokolov approche le clavier à l’âge de cinq ans. Il commence ses études de piano avec Liya Zelikhman à l’Ecole Centrale Spéciale du Conservatoire de sa ville natale, avant de les poursuivre avec Moisey Khalfin au sein de la même institution. S’il donne son premier récital en 1962, il fait surtout parler de lui en 1966 lorsqu’il devient, à seize ans, le plus jeune musicien à décrocher la Médaille d’Or du Concours international Tchaïkovski de Moscou, récompense reçue des mains d’Emil Gilels, président du jury et parrain artistique du prodige
En dépit d’importantes tournées aux Etats-Unis et au Japon au cours des années 1970, le talent de Grigory Sokolov mûrit loin des feux de la rampe. Témoignages d’un artiste singulier quoique nourri par la grande tradition de l’Ecole russe de piano, ses enregistrements de l’époque soviétique, captés en scène, ont acquis une dimension quasi mythique à l’Ouest. Après l’effondrement de l’URSS, on l’entend dans les plus grandes salles et les plus prestigieux festivals d’Europe. Du New York Philharmonic à l’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam et autres Philharmonia de Londres, Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise ou Philharmonique de Munich, il s’est souvent produit avec les meilleures phalanges avant de se consacrer exclusivement au récital. Pleinement immergé dans un programme unique, il tourne au rythme d’environ soixante-dix concerts par an.
A la différence de nombre de ses collègues, Sokolov s’intéresse de très près à la mécanique et aux réglages des instruments sur lesquels il joue. Il en explore longuement les caractéristiques et prend beaucoup de temps pour échanger avec les techniciens afin de tendre vers son exigence d’idéal : « il faut des heures pour comprendre le piano, car chacun a sa personnalité propre et nous jouons ensemble », explique-t-il.
Le charisme de Sokolov, dont le génie repose autant sur une personnalité hors du commun que sur des points de vue qui n’appartiennent qu’à lui, captive le public, ainsi mieux à même d’écouter les oeuvres les plus familières d’une oreille fraîche. Ses récitals rapprochent l’auditeur de
la musique, passant outre le superficiel et le spectaculaire pour révéler une signification spirituelle plus profonde.
Après deux décennies passées sans rien graver, Sokolov signe un contrat d’exclusivité avec Deutsche Grammophon, partenariat qui débouche sur la publication de plusieurs lives. Le premier témoigne d’un récital exceptionnel donné en 2008 au Festival de Salzbourg autour d’oeuvres de Mozart et de Chopin, le deuxième est consacré à Schubert et Beethoven. Le troisième propose deux concertos pour piano – où le K 488 du divin Wolfgang voisine avec le Troisième de Rachmaninov. Un disque sorti en même temps que le
DVD du docufiction de Nadja Zhdanova A Conversation That Never Was, portrait fait d’entretiens avec des amis ou collègues du pianiste, et illustré d’archives privées inédites. Avril 2022 voit la parution de l’enregistrement audio et vidéo du programme donné au palais Esterhazy d’Eisenstadt. Soit trois sonates de Haydn et les Impromptus op. 142 de Schubert agrémentés d’un généreux bouquet de bis.